1843-50 |
"On remarquera que, dans tous ces �crits, et notamment dans ce dernier, je ne me qualifie jamais de social-d�mocrate, mais de communiste... Pour Marx, comme pour moi, il est donc absolument impossible d'employer une expression aussi �lastique pour d�signer notre conception propre.." F. Engels, 1894. Une publication effectuée en collaboration avec la biblioth�que de sciences sociales de l'Universit� de Qu�bec. |
Le parti de classe
Avertissement par R. Dangeville
La publication des œuvres de Marx-Engels repr�sente un v�ritable thermom�tre de la situation politique et sociale de chaque �poque. Aux yeux d’Engels, le nombre d’exemplaires du Manifeste diffus�s dans la langue de chaque pays ne mesurait pas seulement la force du mouvement ouvrier, mais encore le d�veloppement de l’industrie. Depuis que L�nine a d�nonc� les coupures ou mutilations op�r�es dans les �crits de Marx-Engels, voire la mise sous le boisseau des textes les plus accablants pour la politique suivie par les chefs ouvriers opportunistes, nous savons que le rapport de forces joue de mani�re encore plus complexe dans l’�dition des œuvres des grands classiques.
Vers la fin de sa vie, Engels vit clairement que la publication de l’œuvre int�grale serait seule capable d’assurer une authentique vision du syst�me complexe et multiple de Marx, et serait chose ardue. Exposant les obstacles auxquels il se heurtait lui-m�me dans cette publication, il �crivait le 15-4-1895 � R. Fischer : � Ce � quoi je ne saurais me r�signer, c’est de faire subir aux travaux de Marx et aux miens des op�rations de castration pour les adapter aux conditions momentan�es de l’�dition. Comme nous avons �crit avec un certain sans-g�ne et avons constamment d�fendu des id�es qui constituent un d�lit et un crime contre l’Allemagne imp�riale, la publication ne pourrait se faire � Berlin [1],� moins de proc�der � de nombreuses omissions. J’ai l’intention de publier les �crits de Marx ainsi que mes petites contributions en �dition compl�te, non par livraisons successives, mais par volumes entiers. �
Si nous ne cessons de revendiquer — sans illusion aucune face � l’actuel r�visionnisme russe — l’œuvre int�grale de Marx-Engels, c’est qu’� nos yeux elle repr�sente la synth�se de l’exp�rience des luttes arri�res et sanglantes du prol�tariat international, bref, le patrimoine th�orique et le programme communiste de la classe ouvri�re mondiale. De fait, par suite des luttes des classes ouvri�res des g�n�rations successives de tous les pays, le marxisme est devenu un acquis que l’histoire a amplement confirm�, en d�pit des �checs successifs du prol�tariat, suivis d’autant de tentatives nouvelles, toujours plus massives. On constate m�me qu’il sert aujourd’hui, par opposition, de r�f�rence � l’argumentation du moindre id�ologue bourgeois ou sous-bourgeois.
De nos jours, les r�volutionnaires de tous les pays du monde tirent leur action pratique des �crits fondamentaux de Marx-Engels, avec h�las, il est vrai, plus ou moins de coh�rence ou de fid�lit�. D’une mani�re ou d’une autre cependant, le marxisme repr�sente maintenant le fonds commun des r�volutionnaires de tous les pays du monde, une sorte de mani�re, devenue instinctive, de r�agir aussi bien qu’un syst�me, h�las plus ou moins complet, de pens�e et d’action. Dans les contacts et les discussions avec les r�volutionnaires de tout pays, il �tablit d’embl�e une familiarit� : une simple r�f�rence � tel ou tel chapitre du Manifeste ou du Capital suffit souvent � marquer ou bien l’accord ou le d�saccord, et permet le mieux de situer les intentions et l’action.
Cette diffusion g�n�rale et ces succ�s ne signifient pas encore — et de loin — le triomphe th�orique et pratique du marxisme, car le plus souvent, 99 fois sur 100, il est revendiqu� par bribes, se trouve m�l� � d’autres conceptions, ou bien il lui manque, m�me si l’on pr�tend �tre parfaitement marxiste, un simple petit mot — par exemple, celui que soulignait L�nine : la dictature du prol�tariat. L’exp�rience des multiples g�n�rations a montr�, en effet, que le marxisme doit �tre int�gral en th�orie et en pratique pour �tre lui-m�me, c’est-�-dire r�volutionnaire. Mille fois il a �t� revendiqu� pleinement en paroles, mais abandonn� juste sur un point dans l’action pr�cise du moment, et � chaque fois on a constat� qu’irr�sistiblement, par sa dialectique mat�rielle, cette action a d�termin� le cours ult�rieur du mouvement, appelant d’autres actions � sa suite et adaptant finalement tout le programme � l’opportunisme.
S’il est donc une conclusion que le marxiste devrait tirer de l’exp�rience historique — et non de l’exemple du dernier grand homme —, c’est la n�cessit� d’un marxisme plein et entier, en th�orie comme en pratique, car les deux sont ins�parables pour avoir leur sens.
Les quatre recueils de Marx-Engels sur Le Parti de classe d�montrent � l’�vidence que la th�orie du prol�tariat est indissolublement li�e � une action, � une force — � l’activit� du parti politique par lequel les ouvriers se constituent en classe, en se donnant un programme unique, sous peine de se diviser en fractions cat�gorielles ou nationales et de mener des actions qui se contrarient les unes les autres ; bref, le programme doit �tre unique et invariable, sous peine que le prol�tariat cesse d’�tre une seule et m�me classe depuis ses origines et que le mouvement d’hier soit coup� de celui d’aujourd’hui et de demain. Le marxisme repr�sente ce programme fondamental, dont le parti, dans les hauts et les bas (qui affectent ses effectifs et sa puissance physique, puisqu’il est praxis et force), est le garant par-dessus les fronti�res et les g�n�rations successives.
Les probl�mes du communisme ne se r�solvent pas en quelques principes. L’œuvre de Marx-Engels tient compte de toute la complexit� et de la multiplicit� des situations r�elles qu’elle syst�matise et coordonne en un ensemble qui forme le programme d’action de la r�volution mondiale.
D’o� l’insistance d’Engels pour la publication de l’int�gralit� de l’œuvre marxiste. Cet ensemble th�orique, si complexe et si monumental soit-il, est � la mesure des t�ches pratiques gigantesques de la r�volution internationale de demain. Certes, il ne s’agit pas d’une t�che d’un individu ou d’un comit� d’individualit�s, pas plus que d’un probl�me technique de comp�tence ou de facult�s intellectuelles. C’est une question de force, d’orientation et de conscience, et cela a �t� et sera l’œuvre collective du v�ritable parti de classe du prol�tariat international.
Le prol�tariat a souvent tent� une r�volution et celle-ci r�ussit m�me parfois momentan�ment, sans que l’œuvre de Marx-Engels f�t enti�rement d�couverte. Mais il saute aux yeux que son succ�s a �t� d’autant plus grand que sa conscience �tait plus ample, plus coh�rente et plus claire, et qu’elle dictait le plus fid�lement et le plus �nergiquement l’action r�volutionnaire. Dans la conception marxiste, la r�volution n’est pas un simple fait physique, l’explosion spontan�e des antagonismes de classes : avant de se constituer en classe dominante en conqu�rant le pouvoir politique, le prol�tariat doit se constituer en classe autonome, donc en parti distinct, avec son programme et ses buts propres. Dans ce parti ouvrier, les niveaux de formation, d’anciennet�, les capacit�s, la disponibilit�, la force des individus varient consid�rablement, et il ne peut en �tre autrement dans cette soci�t� de classes, surtout quand il s’agit de la classe la plus basse et de la plus exploit�e.
Le parti, en tant qu’organe centralis�, doit donc avant tout se donner le plein programme marxiste fondamental. Et c’est ce qui fut fait tant que le prol�tariat agissait effectivement comme classe, en faisant trembler toute la soci�t�, et n’�tait pas cette masse informe du peuple (version gauchiste) ou de la nation (faux communistes de Russie ou de France). � la suite d’un travail inlassable, Marx-Engels avaient r�ussi � donner leur programme � la Ire Internationale et, par ce truchement, au futur parti ouvrier allemand, fran�ais, russe, etc. ; de sorte que le marxisme fut d’embl�e le programme fondamental de la Seconde Internationale, et L�nine cr�a la Troisi�me � simplement � en restaurant le plein marxisme, reliant ainsi toutes les luttes du pass� � celles du pr�sent, et soudant le prol�tariat de tous les pays en un parti communiste mondial.
Dans ce processus, ce ne sont pas les personnes qui l’emportent, mais la fid�lit� au programme int�gral de la collectivit� ouvri�re : les merveilleux militants que furent les Kautsky (tant qu’il fut r�volutionnaire) et L�nine confrontaient au texte de Marx-Engels chaque fait, chaque id�e qu’ils analysaient, et dans la pol�mique ils se r�f�raient toujours, pour avoir raison de l’adversaire et mieux encore des difficult�s de l’histoire, � un �crit des classiques. Les autres militants n’avaient sans doute ni le temps ni l’�nergie de s’assimiler l’�norme masse des textes classiques, mais les dirigeants citaient leur source, en d�veloppant leur argumentation � la face de tout le parti qui, � tout moment, avait tous les �l�ments, non pas pour s’�bahir sur le chef g�nial, mais pour juger sur pi�ces, en se formant et en assimilant les connaissances d�s lors toutes pratiques.
C’est ce r�le irrempla�able de guide supr�me de l’action du parti que jouent les �crits complets de Marx-Engels. Dans cet apr�s-guerre, un parti international ouvrier — issu de la Gauche communiste italienne — s’est constitu� sur cette base pour nouer le FIL entre le pass� et le futur r�volutionnaires, entre prol�tariat des pays d�velopp�s et sous-d�velopp�s. Les r�unions centrales traitaient les probl�mes au plus haut niveau th�orique, en exhibant les textes jaunis de Marx-Engels ; les militants les plus anciennement form�s rapportaient ensuite la parole dans leurs groupes respectifs, au niveau des autres militants qui, � leur tour — comme tous les autres —, les exposaient � l’ext�rieur dans le travail pratique. Le mouvement de pr�paration des r�unions centrales repartait ensuite des points de la p�riph�rie : le tout fonctionnait comme un organisme vivant, unitaire, coordonn�, centralis� au maximum, mais de mani�re impersonnelle, bref, classiste. Groupe sans importance ? Mais d’o� Mai 1968 — ce 1905 de notre temps — est-il donc venu ? En tout cas, non des partis � ouvriers � aux effectifs �l�phantesques, qui ont tout fait, pendant et apr�s, pour exorciser ces journ�es de d�sordre et de violence.
Dans la phase de pr�paration r�volutionnaire, par la restauration du marxisme et l’organisation des forces ouvri�res, qui a suivi le premier heurt de 1968, le thermom�tre a singuli�rement mont�, et les œuvres de Marx-Engels se sont diffus�es � une �chelle jamais encore vue. En ce qui concerne la propagation de l’œuvre de Marx-Engels — dont chaque texte nouvellement publi� r�v�le une lacune ou une incompr�hension du mouvement du pass�, donc une victoire du mouvement actuel qui renoue avec ses sources vives —, nous ne pouvons, h�las, avoir acc�s aux manuscrits qui dorment encore dans les tiroirs ou dans ces �teignoirs que sont les instituts. Nous ne pouvons donc que traduire le plus possible ce qui existe d�j� dans l’une ou l’autre langue dans lesquelles �crivaient Marx-Engels. Pour cela, nous relions les textes entre eux et � ceux qui sont d�j� bien connus, car il faut � tout prix �viter une discontinuit� artificielle dans l’œuvre et la pens�e marxistes. C’est donc en un sens tr�s modeste que nous � compl�tons � peu � peu l’�dition � incompl�te � de Marx-Engels.
Nous avons commenc� par la traduction des Fondements de la critique de l’�conomie politique (Grundrisse, �ditions 10/18) qui sont l’�bauche originale — et non le brouillon ou double — du Capital rest� inachev�, ainsi que le VI� Chapitre in�dit du Capital (�ditions 10/18). Tous deux forment � chaque fois un tout, enti�rement in�dit et mis pour la premi�re fois � la port�e des lecteurs de langue fran�aise.
Bient�t, cependant, la question des recueils s’est pos�e avec les �crits militaires [2] de Marx-Engels, qui constituent le quart de leur œuvre connue et restent ignor�s du public fran�ais, au point que celui-ci ne sait m�me pas que ces sujets font partie int�grante du marxisme.
Il nous faut donc aborder la question de savoir quelle est la signification des recueils traitant de sujets particuliers, surtout si l’on sait qu’Engels souhaitait que l’on publi�t les œuvres compl�tes.
Les Fondements qui constituent un seul bloc de plus de mille pages, peuvent �tre consid�r�s comme compl�tant l’œuvre d�j� publi�e en fran�ais. D’ailleurs, ils faisaient partie des Œuvres compl�tes (mega), cr��es par Riazanov au lendemain de la r�volution d’Octobre. � la rigueur on peut en dire autant du recueil d’articles de Marx-Engels sur la Guerre Civile aux �tats-Unis (�ditions 10/18, 1970, 318 p.) qui rassemble les articles sur cette question.
Mais il faut placer � un autre niveau les trois volumes, pr�sent�s ici, sur Le Parti de classe. Ils sont une construction de textes et passages �pars dans l’œuvre de Marx-Engels, et correspondent � des besoins et une activit� d�termin�e de la lutte de classe. Nous dirions que c’est un travail de militant.
Marx lui-m�me a inaugur� le syst�me de l’�dition de recueils sur des th�mes d�termin�s pour les besoins de la lutte politique, pour syst�matiser et clarifier des questions particuli�res en vue de la formation r�volutionnaire ou, enfin, pour servir d’armes th�oriques contre l’id�ologie adverse. Pauvre �migr� politique en Angleterre, sans droits civiques, Marx se permit n�anmoins d’attaquer le chef du gouvernement le plus puissant du monde, Lord Palmerston. Pour les besoins de la lutte, il fit reproduire ses articles pamphlets de la New York Tribune contre Palmerston dans le journal chartiste People’s Papers, puis le Glasgow Sentinel qui reproduisit Palmerston et la Pologne, enfin Tucker diffusa le recueil contre Palmerston � une vingtaine de milliers d’exemplaires. El�anore, la fille de Marx, reprit le tout, compl�t� par d’autres articles, en 1899, sous le titre L’Histoire de la vie de Lord Palmerston.
� l’instigation de Marx-Engels, Deville — d’une mani�re, h�las, maladroite — a m�me con�u un abr�g� du Capital. De tels textes alimentent la lutte pratique, notamment syndicale, et leur maniement permet aux militants d’acc�der � des ouvrages plus complexes.
Le recueil traitant d’un th�me d�termin�, la chronologie peut y apporter un �l�ment de clart�, mais il doit surtout s’ordonner en fonction de son sujet. Il est in�vitable qu’il contienne des fragments et des extraits. A vouloir recueillir � chaque fois le texte tout entier, on y introduirait d’incessantes digressions qui gonfleraient d�mesur�ment le recueil et ferait perdre le fil du sujet. En fait, plus un recueil est complet, plus il doit accueillir jusqu’aux fragments les plus petits sur le th�me donn�.
Tout cela montre les limites �troites des recueils. Ceux-ci seront toujours imparfaits et susceptibles d’�tre compl�t�s. Mais de toute fa�on ils s’ins�rent dans l’œuvre d�j� publi�e ou pr�parent les publications � venir. Cela nous am�ne au cœur du probl�me: c’est parce qu’ils forment une th�orie, dont toutes les parties sont coh�rentes, que les �crits de Marx-Engels peuvent �tre mis en recueils, ceux-ci formant eux-m�mes � chaque fois un tout et s’encadrant dans la doctrine g�n�rale.
C’est ce qui permet de tirer les textes aussi bien d’ouvrages publi�s qu’in�dits, de manuscrits d’�tudes que de la correspondance, de notes priv�es que de discours publics. D�s lors, le crit�re pour juger d’un recueil est politique, et n’a plus rien de p�dant : les textes sont-ils conformes � la pens�e r�volutionnaire de Marx-Engels, ou sont-ils opportunistes, d�formants, incoh�rents et servent-ils une cause non r�volutionnaire ?
La question du parti de classe est au centre de toute la pens�e de Marx-Engels — elle en est m�me la cl�. Pour �tre saisie, elle suppose chez le lecteur une adh�sion, un engagement et une action politique. De m�me, les textes sur le parti sont le fruit de l’action politique de Marx-Engels. Bref, c’est un ouvrage de classe au sens le plus fort du terme, il �chappe � la compr�hension aussi bien bourgeoise que populaire. Beaucoup de choses ont �t� �crites sur la notion de parti chez Marx-Engels ; mais seuls des militants actifs et, de surcro�t, th�oriquement en r�gle ont pu saisir le sens de classe du parti. Et comment pourrait-il en �tre autrement, puisque dans leurs textes de parti Marx-Engels n’ont pas seulement �crit, mais agissaient encore. Un bourgeois �clair� peut toujours s’�bahir sur tel ou tel aspect du marxisme, mais il ne comprendra jamais que, pour se constituer en classe, le prol�tariat s’organise en parti. Il ne le pourra pas, car il s�pare dans le marxisme la th�orie de la pratique.
Les textes de Marx-Engels sur le parti montrent le plus clairement que l’œuvre th�orique — m�me si elle fournit la doctrine achev�e du prol�tariat moderne, qui n’a plus � �tre compl�t�e, ni � �tre r�vis�e ou am�lior�e — est cependant inachev�e au sens o� l’activit� th�orique introduit l’activit� pratique, o� la th�orie n’est qu’un mouvement initial vers l’action, un premier pas, une premi�re victoire qu’il reste � parfaire dans l’action. En ce sens, les textes sur le parti donnent forc�ment l’impression, plus que tous les autres, d’une �bauche, puisqu’ils sont un d�but, et portent sur une premi�re activit� pratique, celle de la th�orisation et de l’organisation du prol�tariat.
Le recueil sur le parti se rattache au pr�c�dent publi� par les �ditions Maspero : Marx-Engels, Le Syndicalisme. En effet, l’organisation �conomique forme la base du parti politique de classe. Cependant, le sujet �tait trop vaste pour �tre �puis� en quatre tomes, et c’est pourquoi, apr�s avoir rassembl� les textes sur la th�orie g�n�rale du parti et l’activit� militante de Marx-Engels, nous pr�senterons dans des recueils ult�rieurs les textes de Marx-Engels sur Le Mouvement ouvrier fran�ais et La Social-D�mocratie allemande.
Les textes sur le Mouvement ouvrier fran�ais fournissent l’anneau, qui manque actuellement, entre les luttes de pr�paration r�volutionnaire et les h�ro�ques tentatives r�volutionnaires du prol�tariat de 1848 et 1871 (Les Luttes de classes en France. 1848-1850 et La Guerre civile en France. 1871), bref ils donnent l’indispensable liaison entre luttes pour la conqu�te du pouvoir d’�tat et luttes pour l’organisation du prol�tariat en parti.
Distinguer entre des pages � vraiment importantes � (par exemple, les Fondements et le VIe Chapitre in�dit du Capital) et les � ouvrages de circonstance � (par exemple, les �crits sur Palmerston et le recueil sur La Guerre civile aux �tats-Unis), comme le fait L’Humanit� du 5-5-1972 d�j� cit�e, c’est non seulement agir en marchand de tapis ou en professeur qui annote et sanctionne, mais c’est surtout opposer la th�orie � la pratique. C’est ne pas comprendre que la th�orie doit impr�gner aussi bien l’action que la pol�mique. Bref, c’est ne pas voir que toute l’œuvre de Marx-Engels est activit� de parti.
Notes
[1]
L’une des conditions pr�alables � la r�volution
bolchevique de 1917 fut la restauration de marxisme
r�volutionnaire par L�nine face au r�visionnisme
international : ce n’est donc pas par hasard si
c’est dans le Moscou r�volutionnaire qu’a commenc�
la publication des œuvres compl�tes de Marx-Engels (MEGA)
et aussi si elle fut interrompue vers les ann�es 1930, lorsque
la contre-r�volution stalinienne l’eut emport�, �tant
alors poursuivie par une �dition populaire, c’est-�-dire
mutil�e.
On nous promet aujourd’hui pour… l’an 2000
une �dition compl�te, pr�par�e par les instituts de Berlin et
de Moscou. Elle comprendrait pr�s de cent volumes, soit environ
le double de l’actuelle �dition populaire, mais
� elle ne sera termin�e que dans 25 ou 30 ans �, cf.
l’Humanit�, 5-5-1972 (� Les �ditions de
Marx-Engels en France �). On repousse ainsi aux calendes
grecques la possibilit� de conna�tre enfin l’œuvre
de Marx-Engels, sans cesser pour autant de revendiquer
l’h�ritage des grands classiques. Pour justifier ce
retard, on argue de difficult�s � scientifiques � de
pr�paration d’une telle �dition compl�te — ce, au
pays des r�alisations � socialistes � et des
spoutniks !
[2] Certes, on pr�f�re — et c'est plus populaire, plus dans le vent et, en apparence, plus r�volutionnaire — parler de th�orie de la violence marxiste. Mais il faut �tre net, car, dans ce domaine, les r�alit�s sont terribles et les illusions �normes : la violence doit �tre organis�e, il faut affronter l'adversaire arm�, et, �tant l'�tat de la dictature du prol�tariat, elle devra �tre institutionnalis�e (temporairement), donc militaire. Cf. �crits militaires, �ditions de l’Herne, 1970, tome I, 661 p.
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